Lundi 16 mai. Il a plu cette nuit peu après minuit. De grosses gouttes qui rebondissaient sur la toile de notre tente. Peut-être que cela rendra l’air moins suffocant.

Je quitte Cajarc vers 8 heures pour attaquer la récurrente montée du matin qui me conduira sur le Causse. L’étape sera courte, 24 kilomètres, et abstraction faite de cette côte, le relief est peu accidenté.

Deux heures plus tard, je retrouve Michel du Morbihan. Sur le chemin, on se tutoie et on s’appelle par son prénom suivi souvent de notre ville d’origine. Moi je suis “Patrick de Genève” (plus facile à retenir que Machilly). J’ai rencontré Michel (du Morbihan) au Sauvage puis, plus tard, à Aumont-Aubrac, nous avons dormi dans le gîte.

Je ne l’avais pas revu depuis Conques où, après un dernier café à la terrasse du st Jacques, chacun était parti de son côté. Dans ces moments, on est toujours content de se revoir et on fait ensemble le bilan de notre chemin, nos hébergements, nos rencontres. Encore deux ou trois heures de marche et je m’arrête chez André qui tient une buvette sauvage sur le bord du chemin. Quand je lui demande s’il est déjà allé à Compostelle, il me répond que non.

« Le chemin, je le fais tous les jours en accueillant les pèlerins ».

Non content de tenir ce commerce illicite, André écrit aussi des poèmes qu’il attache sur un fil avec des pinces à linge et qu’il laisse se balancer au gré du vent.

Ton visage est triste et tes pieds sont blessés,
Je souhaitais, d’un « bonjour », t’accueillir dans mon pré
Discuter avec toi en buvant un café.
Mais toi indifférent tu n’as fait qu’ignorer,
Ignorer le chemin et ses beaux paysages
Ignorer un bonheur aux multiples visages.
Cours Pèlerin

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