Vendredi 24 juin. Hier, en visitant la Casa Botines (conçu par Antoni Gaudi), nous avons croisé Pierre-Paul et Odile que j’avais laissés à Moissac. Retrouvailles émouvantes qui furent aussi l’occasion de prendre des nouvelles des uns et des autres. Ils devraient arriver à Saint Jacques le même jour que nous.
Ce matin, dès le départ, il faut rembobiner le film tourné la veille en arrivant dans la ville: quartiers périphériques, entrepôts, zones commerciales, noeuds autoroutiers, tout y passe jusqu’à atteindre Virgen del Camino. Ici, deux chemins sont possibles. Continuer à longer la N120 par le camino frances ou suivre la Calzada de los Peregrinos, loin de la nationale, mais un peu plus longue. Sans hésitation, nous choisissons la Calzada. Pourquoi sommes-nous les seuls à faire ce choix? Je ne le saurai jamais, mais je ne veux pas croire que le seul but du pèlerin est d’atteindre le tombeau de l’apôtre sans se soucier des bruits et des odeurs qui l’entourent. Je parle des camions, bien sûr. En attendant, nous retrouvons les mêmes paysages: route bitumée ou route en terre rouge, rectilignes ou presque, traçant leur sillon au milieu des cultures qui s’étalent à perte de vue. Le vert domine. Celui des maïs et des tournesols. Et personne sur notre route pendant toute la journée. Monotonie poussée à son paroxysme. Lignes droites interminables, quelques bosquets pour accrocher le regard, pas le moindre relief et au loin, la chaîne cantabrique qui semble se rapprocher de plus en plus. Je ne me suis jamais senti aussi bien! Jacques, fils de Zébédée, pêcheur sur le lac de Tibériade, quel que soit notre chemin, tu veux toujours nous mettre à l’épreuve.




Chers vous deux. Vous touchez au but. Je veux dire : vous serez bientôt » là où le chemin de Compostelle s’arrête ». Dans de très nombreux domaines d’activité on affirme fréquemment que : « ce n’est pas le but qui compte mais le chemin ». Nous discuterons très prochainement de savoir si ce ne sont pas, plus encore ceux qui sont sur le chemin qui comptent, que le chemin ? La Fontaine ne nous a malheureusement pas laissé une fable comme « Le randonneur et le pèlerin » pour nous éclairer. J’ai rêvé de gravir le Gurla Mandhata et de faire le tour du Mont Kailash après des bivouacs sur les rives du lac Manasarovar ! Rêves de randonneur, de pèlerin ?
En tout cas je rêve chaque soir avec vous. Merci de m’avoir donner cette belle procuration pour voyager avec toi, Patrick, puis avec vous deux.