Samedi 4 juin. C’est une nouvelle page de mon chemin que je tourne ce matin en quittant Roncesvalles dans le brouillard. Je marche sur le camino Frances, le chemin des Francs, le chemin de toutes les nationalités. Souvent cousus sur leurs sacs, les drapeaux du monde entier attestent de l’origine cosmopolite de ceux qui m’entourent. Et tout de suite une constatation s’impose : le goudron a disparu. Pour mon plus grand bonheur, un beau sentier m’emmène vers Zubiri à travers de grandes forêts de hêtres et de chênes. Hélas, pour mon plus grand malheur, j’ai beaucoup de mal à équilibrer mon sac et à le porter. J’avance à la vitesse de l’escargot et la dernière descente (très raide) avant Zubiri finit de m’anéantir. Arrivé dans ce petit village, juste après avoir traversé le Rio Arga, je m’écroule sur la première terrasse que je trouve et je reste là presque une heure à siroter un coca. Douce sensation de bien être quand le corps se détend enfin après un effort intense. Je recule le moment inéluctable où je devrai repartir car il me reste encore 4 kilomètres à faire et le soleil est au zénith …… Je pense m’être arrêté au moins quatre fois avant d’atteindre Urdániz où je dois dormir. J’y arrive fatigué et desséché.



Je ne suis pas arrivée jusque là ! Qu’importe, je regarde avec beaucoup de plaisir tes commentaires et tes photos et j’ai l’impression d’y être encore : émotions, souvenirs avec Monique Marce en particulier, joies devant ces paysages, cette flore abondante et variée selon les périodes, ces patrimoines si riches, ces situations cocasses, ces moments de fatigue puis d’exaltation. Je t’envie ! En même temps je sais qu’il n’est plus temps : la preuve, je marche 4 jours d’affilée et je me retrouve avec un genou en marmelade, tout ça parce qu’il a fait trop chaud et que les pentes étaient trop raides ! Toi tu as la volonté d’arriver au but que tu t’étais fixé, les qualités d’un grand sportif. bravo ! Et puis par cette expérience, c’est la rencontre de soi, la rencontre de l’autre et « l’autre c’est soi ». Bonne route Patrick, prends soin de toi, « patience et courage font mieux que force, ni que rage » ou quelque chose comme ça ! Gros bisous.
PS : Nous avons été invitées Roselyne et moi chez Bénédicte et Bernard ce samedi, avec les Perrollaz, moment très chaleureux que nous avons fait durer. Elle est très contente de te rejoindre bientôt.
Ne pends pas le temps de me répondre, le chemin seul compte.