Jeudi 7 Juillet. La borne à la sortie de A Rúa marque: Santiago, 20km585. Je n’ai pas vu grand chose aujourd’hui de la campagne qui nous entoure, plus occupé à compter les kilomètres qui me séparent de la ville, qu’à regarder les paysages. Alice courait après un lapin blanc et moi je marche vers toi, Jacques, fils de Zébédée, dit Jacques le majeur. Toi qu’Hérode Agrippa, roi de Judée, fit décapiter par le glaive. Et je n’ai pas plus de chance de te retrouver que l’héroïne de Lewis Carroll de rattraper son lapin, puisque même le pape a reconnu que tous ces pèlerins qui nous entourent allaient honorer la mémoire du martyr mais sûrement pas voir des ossements qui n’ont jamais été les siens. Autour de nous marchent beaucoup d’adolescents qui chantent et rient dans une ambiance de cours de récré. Depuis Sarria les auberges défilaient au rythme d’une tous les kilomètres, mais aujourd’hui elles se font plus rares. Il y a pourtant toujours les mêmes pèlerins assoiffés mais sans doute sont ils pressés d’arriver. Les bornes défilent et juste après midi nous atteignons le Monte do Gozo. Spectacle inoubliable et irréel. Minutes suspendues qu’on aimerait éternelles. Émotion intense. Elles sont là, on les voit, à moins de cinq kilomètres, les tours de la cathédrale. Encore une heure et nous serons sur la praza do Obradoiro. Je touche enfin mon but après plus de deux mois de marche. Impossible maintenant de décrire ce que j’éprouve. Il me faudra sans doute plusieurs jours pour réaliser.

Avant 14 heures nous traversons Santiago. Me voici enfin jacquet à part entière, et fier de pouvoir désormais épingler la coquille sur mon sac à dos.

Dans l’après-midi visite de la ville, fort belle, et de la cathédrale, fort belle aussi. Comme décrit dans les livres, le maître-autel dégouline de dorures. Contraste saisissant avec l’austérité et le dépouillement de la cathédrale Saint Pierre de Genève d’où je voulais partir. Le temps nous manque pour tout voir. Et au gré de notre flânerie retrouvailles avec Lisa (du Colorado) rencontrée après León puis avec Maria ( espagnole vivant à Paris) rencontrée à Sarria.

Share:

Leave a reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *