Dimanche 22 mai. C’était une journée facile qui m’attendait : 32 kilomètres sans trop de montées. Pourtant, j’ai beaucoup souffert. D’abord à cause de la chaleur, que je supporte mal, et ensuite à cause de mon inattention.

Tout avait commencé sous les meilleurs auspices. Le chemin était plat, puisqu’il longeait le canal latéral à la Garonne, et partant au jour naissant, j’avais l’assurance de cheminer pendant trois heures dans la fraîcheur du matin. C’était un tel plaisir de marcher à l’ombre des platanes centenaires que j’ai oublié de m’intéresser au balisage. Manquant une intersection capitale, j’ai du faire cinq kilomètres de plus. Du coup je ne me suis pas arrêté à Auvillar où j’ai juste pris le temps d’admirer l’ancienne halle circulaire et de savourer un coca en regardant, d’un œil envieux, mes voisins de table déguster des huîtres. Ils m’ont proposé de boire avec eux un petit verre de vin blanc bien frais, mais j’ai poliment décliné leur offre. Jacques, fils de Zébédée, pêcheur sur le lac de Tibériade, était -ce vraiment nécessaire de m’imposer cette tentation ?

Moi qui voulais arriver avant la grosse chaleur, c’est sous un soleil de plomb que j’ai terminé mon étape. Je n’avais pas bonne mine en arrivant à Saint Antoine. Ça, c’est Michèle la propriétaire du gîte le figuier qui me l’a dit.

Nous n’étions que deux dans le gîte quand, vers 17 heures, sont arrivés cinq couples de joyeux et bruyants retraités précédés par d’énormes valises. Je ne suis pas d’un naturel curieux, mais j’ai tout de même demandé à une des randonneuses ce que pouvaient bien contenir de si grands bagages. « Presque rien, j’ai trois tenues, deux laines polaires car il peut faire froid dans l’Aubrac, un ciré pour la pluie, des affaires de toilettes….! ». Ma voisine de chambrée, pure pèlerine, les regardait avec un certain mépris. Je pense qu’elle avait tort. A chacun son chemin. Déjà au moyen âge, pouilleux et seigneurs se partageaient la même route. Les premiers mendiaient et dormaient sous les porches pendant que les seconds avaient repas et bonne couchette dans les auberges.

Ce soir, le ciel a la couleur de l’ardoise, mais la pluie se fait toujours désirer. J’en profite avant le repas pour remonter l’unique rue qui mène à l’église. Saint-Antoine-de-Pont-d’Arratz est un « village rue » typique où les maisons furent construites de chaque côté du chemin (Il parait que j’en verrai beaucoup d’autres en Espagne).

Share:

Leave a reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *