Jeudi 9 juin. Logroño est une grande ville, posée sur l’Ebre, et qui ne possède pas le charme et l’animation de Pampelune. Elle est plus moderne, moins agitée. On y découvre cependant de belles églises, situées sur le tracé du camino, et la rue principale, la Calle Portales, avec ses arcades et ses terrasses de cafés me rappelle Turin.. En arrivant hier vers 15 heures, les rues de la ville étaient presque vides. Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’elles commencent à s’animer, quand les habitants sortent pour profiter d’un peu de fraîcheur. Mais pour le pèlerin que je suis, c’est un autre rythme de vie. Si je veux partir tôt pour éviter les grosses chaleurs, je dois me coucher avant le crépuscule. 31 kilomètres me séparent de Nãjera et je n’ai pas la possibilité de faire transporter mon sac. J’ai donc décidé de raccourcir la distance en prenant un bus jusqu’à Navarete. J’économise ainsi une dizaine de kilomètres. Mon chemin passe en grande partie dans le célèbre vignoble de Rioja, fleuron de la viticulture espagnole . Il y a deux jours, il serpentait au milieu des blés, aujourd’hui ce ne sont que des vignes qui envahissent la plaine et cascadent sur les coteaux qui la bordent. C’est donc sans difficulté et rapidement que j’ai rallié Nãjera. Comme d’habitude à cette heure, les faubourgs de la ville sont vides. Mais sitôt passé le pont qui enjambe le Rio Najerilla je suis pris dans un véritable tourbillon. La ville fête les 40 ans de l’autonomie de la province (ça c’est teo le patron de l’albergue la Juderia qui me l’a dit). Partout flotte le drapeau aux quatre bandes horizontales, rouge, blanc, vert, jaune. Dans la Calle Mayor pourtant assez étroite, on a dressé une interminable table où chacun a pris place pour le repas. Dans les rues, sur les places, des groupes folkloriques dansent aux sons des fifres et des tambours. Tout le monde chante, rit, s’interpelle dans un brouhaha indescriptible. Et moi, perdu au milieu de cette foule, je suis balloté comme un fétu de paille sur l’océan.



