Lundi 27 juin. Les records sont battus: 3* au lever du jour. J’ai sur le dos tout ce que mon sac peut contenir, mais heureusement, en marchant, on se réchauffe vite. Au début, le chemin monte doucement au milieu d’un tapis de bruyère violette d’où émergent quelques chênes verts maigrichons. Petit à petit, nous prenons de l’altitude jusqu’à atteindre Cruz de Ferro, 1504 mètres, point culminant du camino frances. Passage emblématique où la coutume veut, depuis le moyen âge, que chaque pèlerin dépose une pierre pour marquer son passage. Après c’est une rude descente qui nous attend jusqu’à Molinaseca 1000 mètres plus bas. Voilà une des plus belles étapes du camino frances. Pour le temps (ciel bleu sans un nuage), pour le chemin (pas une fois nous n’avons tutoyé la route) et pour la beauté des paysages et des villages traversés. Acebo, Regio de Ambros, Molinaseca, villages typiquement montagnards où l’ardoise et la pierre ont remplacé la tuile et les murs d’adobes.
Sur le coup de midi, rencontre avec Véronique, pèlerine chrétienne partie depuis Tours. C’est à Ostabat que je l’ai croisée pour la première fois et plus tard à León. Quelle est donc cette force qui pousse, en ce début du 21ème, tous ces gens à parcourir ce chemin? Il y a un millénaire on peut le comprendre: c’était la foi, encore la foi, toujours la foi. Mais aujourd’hui, combien sont-ils ceux qui, avec une ferveur toute chrétienne, comme Véronique, iront s’agenouiller devant le tombeau du saint apôtre? Quant à moi, je ne sais toujours pas ce qui me pousse vers les routes de Galice. Un vieux rêve bien sûr: “un jour j’irai à Compostelle”. Mais c’est un peu trop simple. “Tu trouveras la réponse au bout du chemin” disent certains. Il faudrait qu’elle vienne vite car si tout va bien je serai dans dix jours là où la terre finit.




