Lundi 20 juin. Au lever du jour le ciel est bas. Le thermomètre aussi qui marque 13 degrés. Nous savons que nous avons une longue étape de 32 kilomètres, mais tout devrait bien se passer si la température reste sage. Journée en demi-teinte où le beau y côtoie le moins beau. Campagne sans éclat et traversée de quelques villes et villages que nous oublierons vite. Bercianos del Real Camino où l’on peut encore voir des maisons construites en adobes, (briques d’argile et de paille qui sont séchées au soleil), Sahagún dont le nom évoque pour moi ces petites villes mexicaines plantées au sud du Rio Grande, Burgo Ranero où nous passerons la nuit….. On m’avait promis une meseta écrasée de soleil et me voilà obligé de mettre une polaire pour supporter le vent froid venu de l’ouest.
Depuis l’Espagne mon camino a pris une autre tournure: plus impersonnelle, plus mercantile. On y rencontre tous les habitants du monde et on y parle surtout anglais et espagnol mais rarement français. Alors quand Rose rencontre une compatriote elle s’y accroche comme après une bouée perdue au milieu de l’océan. Ce matin c’était Agnès (de St-Jean-de- Luz) pure pèlerine qui se plaignait de ces jeunes qui viennent faire la fête sur le chemin et l’empêchent souvent de dormir. Il est vrai qu’après Roncevalles je n’ai pas toujours retrouvé la même ambiance, oserais-je dire la même authenticité.



