Bourg Argental

Lundi 2 mai. Prévoyant une étape assez longue, je suis parti tôt ce matin.

Je marchais depuis une heure sur une route forestière poussiéreuse quand brusquement elle se mit à monter, sèchement, sans prévenir.

Mon pas se fit plus lent, ma respiration plus courte. Regardant le sol, je me concentrais sur l’effort à accomplir, profondément enfermé en moi-même, quand brusquement, en haut de la côte, je relevais les yeux.

Devant moi, à une vingtaine de mètres, un magnifique renard se tenait au milieu de la route.

Il m’avait certainement entendu depuis longtemps mais ne semblait nullement effrayé par ma présence. Moi je m’étais figé sur place, arrêtant même de respirer. Si la beauté de cet animal me fascinait, je trouvais quand même étrange que ma présence ne suscite de sa part plus de curiosité que de peur, quand surgirent des taillis trois petits renardeaux.

Mon renard était plus certainement une renarde qui attendait sa portée. Il n’y avait dans son attitude ni crainte, ni agressivité, simplement peut-être une prudente surveillance du regard. Enfin, la famille étant au complet, elle reprit son chemin en direction du sous bois, suivi par les trois petits.

J’avais, la veille, discuté avec Franck, le propriétaire du gîte. Il me racontait que depuis quelques nuits un renard venait faire son marché dans son poulailler. J’avais peut-être en face de moi la coupable.