Samedi 28 mai. Aucun gîte ne ressemble à un autre. C’est chaque soir la surprise. À Montréal, chez Francis, l’hospitalier, ambiance club med! Chez Fabienne ambiance calme et repos assuré. Hier soir, au gîte de la grange de Dubarry, ambiance rustique. J’ai enfin fait la connaissance de Enza. Depuis Moissac, grâce à radio camino, je savais par d’autres pèlerins que devant moi marchait une jeune femme qui était partie de Genève. Elle avait un, peut-être deux jours d’avance mais c’était sûr je devais bientôt la rattraper. Sur le chemin tout se sait. Toujours par radio camino j’ai appris que Nicole, que j’avais laissé à Cahors, est blessée à la jambe, mais je n’en sais pas plus.

Aujourd’hui l’étape est longue, 37 kilomètres, mais heureusement presque plate. Ce sont de grandes lignes droites interminables, sur des routes en terre, au milieu de champs de maïs qui commencent à peine de pousser. Les canards auront de quoi manger… si la grippe aviaire ne les décime pas ! Je marche toujours avec Michel. En parlant le temps paraît moins long. Nous sommes à 11 heures à Aire sur Adour pour prendre notre petit café en terrasse. Il nous reste encore 23 kilomètres à faire et la chaleur arrive. C’est à Miramont Sensacq que je devrai le quitter pour finir les derniers kilomètres jusqu’à Sensacq où j’ai réservé un lit à la ferme de Marsan. Le gîte est perdu dans la nature, perché au sommet d’une colline ce qui lui assure une vue magnifique. La propriétaire m’installe seul dans un petit dortoir prévu pour quatre personnes. A côté, les quatre lits sont occupés par quatre jeunes femmes qui pour le moment sont au bord de la piscine. Je peux donc investir les lieux sans gêner personne.

Ce soir je vais faire la connaissance de Julie et de Marie. Me voyant seul devant mon assiette, elles m’invitent à venir partager mon repas avec elles. Et très vite le courant passe entre ces deux trentenaires et moi. Elles sont dans l’itinérance la plus totale ne sachant le matin où elles s’arrêteront le soir. Elles admirent ce que je peux faire à mon âge et moi j’admire leur insouciance. Quand je leur avoue que j’ai déjà programmé toutes mes étapes, elles rient sans pour autant se moquer. Avec elles je prends un bain de jouvence et de bonne humeur. La soirée se terminera en apothéose par l’exhibition sans pudeur de leurs pieds couverts de pansements comme des militaires montreraient leurs blessures de guerre. Et comme elles sont infirmières chacune donne son avis et ses traitements. Heureusement, mes pieds étant indemnes de toute ampoule je me vois dispensé de participer à cet étalage.

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