Jeudi 30 juin. La nature n’est pas rancunière. Après nous avoir montré, hier, combien l’homme pouvait la saccager en bétonnant, goudronnant et perçant les gorges du Rio Valcarce, elle nous offre aujourd’hui de magnifiques paysages de montagne pour rejoindre O Cebreiro à 1300 mètres d’altitude. Les villages traversés me rappellent ceux de la vallée d’Aoste. Les maisons en pierre couvertes d’ardoises, les petites chapelles romanes, les interminables murs en pierres grises qui bordent le camino, plus de doute possible: nous sommes en Galice. Une borne plantée à quelques minutes de O Cebreiro est d’ailleurs là pour nous le rappeler.Il nous reste seulement 150 kilomètres pour rejoindre Santiago. D’autres auraient dit: « encore 150 kilomètres ». Mais les plus belles choses ont une fin. Tout comme trop de solitude peut conduire à l’isolement, ne pas mettre un terme à mon chemin me conduirait vite vers l’errance.
Quand nous sortons ce soir, le thermomètre marque 15 degrés. A défaut de réchauffer nos corps, nous réchaufferons nos cœurs en assistant à la messe des pèlerins dans la petite église Santa Maria la Real. Je n’ai pas la foi des nombreux fidèles qui assistent à la cérémonie mais je dois reconnaître qu’il règne, dans ces moments, une atmosphère des plus apaisantes.
SALUT.