Mercredi 29 juin. Il nous aura fallu deux jours pour traverser la vallée du Bierzo qui s’étale entre les monts du León et les monts du Cebreiro. Aujourd’hui pour notre deuxième jour, une route qui serpente à travers les vignobles nous emmène jusqu’à Villafranca. Le relief se montre plus exigeant que prévu. Les côtes se succèdent, et même si elles ne sont jamais très longues, leur répétition devient vite fatigante. Presque avant d’entrer dans la ville, et pour l’anecdote, nous faisons une courte pause devant l’église St Jacques. Comme beaucoup de pèlerins mouraient avant d’atteindre Santiago, les autorités religieuses avaient accordé à ceux qui arrivaient jusqu’ici les mêmes indulgences qu’à Compostelle. D’où le nom donné à la porte des lieux: «la puerta del pardon ». Mais en 2022, les pèlerins fatigués poussent plutôt « la puerta de la farmacia » qui se trouve un peu plus bas.

Il sera dit que ce chemin nous réservera chaque jour son lot de surprises. Après la très belle étape qui nous avait conduits à Molinaseca nous découvrons aujourd’hui ce que le chemin peut avoir de plus laid: 15 kilomètres coincés entre la N.VI et l’autoroute A6. Parfois nous avançons à l’abri d’un muret qui nous protège des voitures, d’autres fois c’est carrément sur la route que nous marchons. Les villages traversés font grise mine et ce ne sont pas les nuages noirs et menaçants qui vont égayer l’ambiance. Pourtant le pèlerin ne saurait se plaindre car seul compte pour lui, le but à atteindre. En arrivant à Ambasmestas, seuls deux établissements sont ouverts. L’église, simple, calme, reposante et en face un bistro, sombre, plus animé. Dans le fond de la salle quatre vieux qui jouent aux cartes et accoudés au bar deux hommes qui discutent. La patronne, souriante, déploie des trésors de patience pour comprendre mon espagnol. Ambiance « Bagdad café ».

Au fur et à mesure de mes pérégrinations espagnoles, toutes mes idées reçues fondent comme neige au soleil. Le passage de Roncevaux qui finalement n’est pas si difficile. La traversée de la Meseta qui n’était pas écrasée de soleil comme je le redoutais. Les alberges qui sont loin d’être toujours complètes. Et les pèlerins qui semblent disparaître au fil des jours. Pas plus d’une trentaine rencontrés aujourd’hui.

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