Mercredi 22 juin. J’ai retrouvé Miti. Nous avons passé les deux dernières nuits dans les mêmes logements. Elle est toujours aussi discrète avec ce même sourire mi étonné mi curieux. On se croise plusieurs fois dans la journée sans savoir si on doit lui parler ou la laisser dans sa tranquille solitude. Aujourd’hui, c’est notre dernière journée avant León. Dans son livre, « immortelle randonnée », Jean-Christophe Rufin faisait une description assez triste de l’abord d’une grande ville comme Bilbao par le randonneur. Je pourrais calquer les mêmes phrases pour l’approche de León. La piste tricote avec l’autoroute, une fois par dessus, une fois par dessous. S’en suivent de longues traversées de zones commerciales avant de pénétrer dans les faubourgs de la ville. C’est dans ces moments là que je me demande ce que je suis venu faire au fin fond de l’Espagne. Pourquoi faut-il que les abords des grandes villes soient si laids. Zones artisanales, zones commerciales, zones industrielles toutes rivalisent d’ingéniosité pour remporter le titre. Même sous le soleil le plus beau, une zone commerciale reste bruyante, infestée de voitures et de parents qui courent partout essayant de récupérer leur progéniture en mal d’obéissance. Espaces pavillonnaires interminables où la monotonie est érigée en principe premier. Tout est droit, rectiligne, bien rangé. Mais après tout, si le pèlerin a l’indicible chance de goûter parfois à une nature préservée, il se doit aussi d’avaler la ciguë de cet urbanisme débridé.



