Dimanche 19 juin. Nous sommes arrivés un jour trop tôt à Carrion de los Condes puisque ce soir, à l’occasion de la Fête-Dieu, les rues seront recouvertes de tapis de fleurs sur près de deux kilomètres. (ça c’est la serveuse du restaurant la Corte qui me l’a dit). Et ce matin, à 7 heures, les habitants sont déjà nombreux à dessiner sur le sol , à la chicorée, les canevas des futurs tapis floraux. Dommage, nous ne verrons pas le résultat. Ce dimanche, pour commencer, ce sont 16 kilomètres de piste rectiligne dans une campagne un peu plus verte qui nous attendent. Pas une colline, pas un village, pas un point d’eau … Heureusement la température a chuté d’au moins 10 degrés et un vent d’ouest assez fort balaye le plateau. Sur le chemin les vestes ont remplacé les débardeurs et dans les alberges le chocolat chaud a remplacé le coca. Quand je pense qu’en France on ne parle que de canicule! Juste après la sortie de Calzadilla de la Cueza une bonne surprise m’attend: je retrouve la N120 que j’avais laissée à l’entrée de Burgos. On ne se quittera plus jusqu’à Terradillos de los Templarios.
À la différence des autres itinéraires de randonnée que j’avais parcourus, ce chemin a quelque chose de plus. Son histoire? La spiritualité qu’il dégage? Je ne saurais le dire, mais il exerce sur ceux qui le parcourent une attirance, une attraction. On ne peut échapper à la multitude des sanctuaires chrétiens placés ça et là sur notre passage. Que l’on adhère ou pas, l’évidence est là: églises, chapelles, oratoires sont omniprésents. Et le paradoxe, c’est qu’ici, on ne parle pas beaucoup de foi. Je vois plus souvent des pèlerins rentrer dans des épiceries ou des pharmacies que dans des lieux de culte. Plus que de leur âme, ils se préoccupent de leur corps. Je croyais, en partant, consacrer beaucoup de temps à la réflexion, mais j’ai vite compris que le corps prend le pas sur l’esprit. Il s’impose, il exige qu’on prenne soin de lui. Le jacquet est plus à l’écoute de ses pieds que de son âme.

