Mercredi 01 juin. Les Pyrénées se détachent clairement sur l’horizon. Il parait que c’est de mauvaise augure. Signe qu’il va pleuvoir.
Dans des temps plus anciens le jacquet qui s’aventurait seul jusqu’à Compostelle, redoutait de rencontrer des bandits de grands chemins, pillards sans scrupule qui le délestaient de sa bourse et parfois même de sa vie. Au 21 ème siècle le principal souci du pèlerin est de ne pas se faire écraser le long des routes grandes ou petites. Et des routes il en emprunte plus qu’il ne le voudrait. ! Ainsi, ce matin, j’ai dû grimper sur le talus pour éviter un énorme pick up qui tenait toute la chaussée . Le conducteur a tout juste ralenti et m’a fait en passant un petit signe de la main comme pour me remercier. Comme si j’avais eu le choix! Si les bistrotiers accueillent toujours les pèlerins avec le sourire, les contadins, eux, n’en ont cure.
Je marche ce matin quelques heures avec Claudy qui était dans le même gîte que moi à Lichos. Sous ses airs débonnaires il s’avère être un excellent marcheur que j’ai parfois du mal à suivre. Lui n’est pas venu ici par introspection ou mysticisme mais pour visiter la France . Il est vrai que bon nombre de villages ou de villes que j’ai traversés donnent envie de s’y arrêter. Dommage qu’il parte sur la variante de Saint Palais.



Une heure avant d’arriver je fais une pause vers la croix de Gibraltar. L’endroit est symbolique puisque c’était là que les jacquets partis de Tours, de Vezelay et du Puy se retrouvaient pour partir à l’assaut de Roncevaux. La vue est absolument magnifique. Je ne me lasse pas de l’admirer mais je dois pourtant repartir car je veux arriver avant que la chaleur ne m’anéantisse. Au gîte, à Ostabat, une surprise m’attend. Jürgen et Maïna que j’avais perdus de vue avant Saugues sont déjà installés. Les retrouvailles sont émouvantes car eux aussi ne s’attendaient pas à me voir ici. Nous avons trente jours de chemin à nous raconter.


