Vendredi 27 mai. Départ à la fraîche, le corps et l’esprit ressourcés par cette bonne nuit passée chez Fabienne. Après avoir travaillé quinze années comme informaticienne elle avait décidé de partir sac au dos pour visiter le monde. Amérique du Sud, Nouvelle Zélande, Australie, Asie, Japon. Et puis un jour, elle a posé son sac. «je ne voulais plus vivre au jour le jour. Il fallait que je me projette à plus long terme. J’ai trouvé cette maison perdue dans la campagne, je l’ai retapée et depuis je vis ici ».
Mon chemin, comme hier, ondule entre vignes et sous bois. En traversant l’Aubrac ou le Lot, le tracé était jalonné de croix. Croix en fer ou en pierre, imposantes ou modestes, posées sur le parcours pour guider le pèlerin comme les cailloux blancs du petit poucet. Depuis plusieurs jours, elles ont disparu. Les églises et les chapelles les remplacent. Ce sont souvent les seuls vestiges qui restent d’anciennes commanderies qui accueillaient les pèlerins, leur offrant gîte, couvert et nourriture spirituelle. Elles furent malheureusement rasées au moment des guerres de religion. Folie des hommes!




A Nogaro, je retrouve Michel. Nous ferons la fin de l’étape ensemble. La vigne petit à petit laisse la place aux grands champs de tournesols. Le goudron se fait plus rare, le sol, plus souple, redevient doux pour le pied. Un peu avant d’arriver on traverse le vignoble de Saint Mont dont les cépages ancestraux sont originaires du piemont pyrénéen (ça c’est un vigneron qui travaillait dans sa parcelle qui me l’a dit).