MASSIP – CONQUES

Jeudi 12 mai.

MASSIP : quatre maisons, quatre poulaillers, un four à pain, un gite.

Le nom du hameau viendrait de « massipiau » nom donné aux pèlerins partant à St Jacques à la place de ceux qui ne pouvaient pas se déplacer. Ça, c’est la propriétaire du gite qui me l’a dit.

Aujourd’hui mon étape sera courte car je veux prendre le temps de visiter Conques.

Un peu avant Sénergue, je rattrape un couple de marcheurs. Lui a 80 ans (respect !) et nous allons marcher ensemble pendant une demi heure. Je suis tombé sans doute sur le plus bavard de l’étape. Comment fait-il pour marcher et parler autant ? Tout y passe : son coiffeur qui est mort à 60 ans divorcé et alcoolique (ou peut-être alcoolique et divorcé), son commerce de peinture et papier peint en Haute-Loire, l’église st Pierre de Firminy, construite d’après des plans de Le Corbusier et que l’évêché n’a jamais voulu consacré, les deux popes orthodoxes qui se sont installés dans sa commune et qu’il soupçonne d’être homosexuels, la guerre en Ukraine… Sa femme, dite « la petite Monique », marche derrière en chantonnant. Grâce à moi elle a trouvé quelque répit.

Plus on se rapproche de Conques, plus le nombre de marcheurs augmente, et je dois dire au revoir à ma divine solitude.

Je rejoins la petite ville vers trois heures de l’après midi après une étape ennuyeuse. Mais je suis injuste car ce manque d’intérêt vient sans doute de mon impatience à découvrir la perle du Rouergue. Et mon attente est récompensée. On découvre les tours de l’abbatiale au dernier moment émergeant de la verdure

L’abbatiale, le cloître et surtout le tympan sont bien de véritables joyaux de l’art roman. Seuls ou en groupe, croyants d’un jour ou de toujours, dévots ou simples touristes, ils sont plus de 600 000 chaque année à arpenter les travées de l’abbatiale Sainte Foy et les ruelles de la petite cité médiévale.

Pour beaucoup, ce sera la fin du voyage. Une autre année, peut-être, ils continueront et ils iront jusqu’au bout, là où la terre finit.